7 septembre 2022

« La dégustation » à l’écran : interview du réalisateur Ivan Calbérac

Quand on est à la fois homme de théâtre, de cinéma et comédien comme Ivan Calbérac, les choix sont parfois difficiles. La solution ? Privilégier le plaisir de créer… Entretien avec un homme aux multiples casquettes.

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Votre film est l’adaptation cinématographique d’une pièce que vous avez écrite en 2018 et adaptée en 2019. Compte tenu de ce que nous avons vécu depuis (Covid, guerre en Ukraine, Canicule), est-ce que vous écririez aujourd’hui la même pièce ?

C’est une bonne question. Je ne me la suis jamais posée. C’est vrai que notre monde évolue très vite et nous n’avons aucune visibilité quant à l’avenir. Nous sommes dans un monde plus angoissant qu’il y a 4-5 ans. Nous avons vécu le Covid, la guerre, nous sentons les conséquences du réchauffement climatique. Peut-être que ce sentiment transparaitrait dans la pièce. En même temps, la légèreté qu’apporte l’histoire, malgré ses moments émouvants, fait du bien dans un monde comme aujourd’hui.

 

Votre film aborde de nombreux sujets comme la solitude, l’alcoolisme, la PMA… Pourquoi avoir choisi ces thèmes à l’époque ?

Il n’y avait pas de volonté d’aborder certains thèmes particulièrement. Les histoires me viennent tout simplement. En revanche, je souhaitais faire une pièce actuelle. C’est pourquoi j’aborde les thèmes des SDF et de la PMA. Mais c’est avant tout une histoire d’amour et l’amour est un thème éternel. La pièce parle aussi des liens. A cause du Covid, beaucoup de liens ont été altérés et se pose la question de la manière dont on peut les restaurer. Pour moi, ce sujet reste actuel.

 

Quelles ont été vos références ? La première partie de l’histoire rappelle la comédie « La boutique au coin de la rue »…

C’est exact. Je suis un fan de cinéma, de Capra, de Billy Wilder. J’ai grandi avec eux. La comédie américaine reste fantastique. Le film « La boutique au coin de la rue » est une vraie référence pour l’humour, la comédie, l’univers dramatique ; c’est aussi un hommage aux commerçants qui créent du lien dans leur centre-ville. En définitive, peu de films se passent dans un commerce et encore moins chez un caviste.

 

Pourquoi choisir de tourner un film dans une cave à vin ?

L’idée est venue suite à une dégustation… Le vin est sensuel ; il permet à la rencontre de se faire aussi d’une manière sensuelle. Si l’histoire s’était passée chez un libraire, tout aurait été plus intellectuel même si on peut s’énivrer de littérature, comme disait Baudelaire. L’ivresse est plus spectaculaire et drôle dans une comédie. Le vin me permettait ainsi de mettre mes personnages en conflit immédiat par rapport à leur environnement. Par exemple, Jacques boit trop, il est entouré de bouteilles alors qu’il doit se sevrer. Hortense a un désir d’enfants alors qu’elle est sage-femme et aide les femmes à accoucher. Enfin visuellement, le vin est intéressant à filmer, toutes les couleurs sont magnifiques.

 

Au départ, c’était une pièce de théâtre. Pourquoi cette envie de passer du théâtre au film ?

Les comédiens voulaient faire le film pour garder une trace de cette histoire. La pièce a eu beaucoup de succès mais elle est restée parisienne car nous n’avons pas pu faire de tournée en province à cause du Covid. Là, le film reste et on peut le revoir dix, vingt ans plus tard. C’est un moyen aussi de porter l’histoire en France et au-delà de la France. C’est notre lot de consolation, notre petite revanche sur l’épidémie.

J’aime autant le cinéma que le théâtre. J’aime mes histoires et j’ai envie de les décliner. Il y a un plaisir assez fort à les imaginer sous une forme, puis sous une autre forme. J’adore filmer et créer des images. C’est assez jubilatoire pour moi. Il y a toujours des choses qui manquent, des éléments qui sont modifiés. Ce n’est pas le même univers fictionnel. Certains éléments fonctionnent au théâtre, d’autres au cinéma. Ainsi, comme je ne souhaitais pas être dans une unité de lieux pour le film, j’ai changé de point de vue. Dans la pièce, on entrait dans l’histoire par Jacques ; dans le film, on entre par Hortense.

 

Vous avez plusieurs casquettes dont celle de comédien. Avez-vous parfois envie de revenir vous-même sur les planches ?

J’y pense de temps en temps surtout pour le théâtre mais j’ai peur de ne pas être assez bon… Je viens de monter une pièce sur le grand pianiste canadien Glenn Gould ; il manquait un petit rôle et je me suis dit « pourquoi pas » … Et puis j’ai renoncé car techniquement ce n’était pas possible, entre la tournée de promotion du film et la pièce qui va être jouée tout cet automne à Paris. Et puis, j’ai trop d’histoires en tête, trop d’envie de monter des pièces…

 

Virginie Hours – Reporter pour Color My Geneva, tous droits réservés

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