23 février 2023

« The Fabelmans » de Steven Spielberg, naissance d’un cinéaste

Largement inspiré de son enfance, « The Fabelmans » de Steven Spielberg est un hymne à la magie du cinéma et à son pouvoir consolateur.

En 1952, Cecil B. de Mille réalise “The Greatest Show on Earth” (Le plus grand chapiteau du monde).  Avec appréhension, les parents du jeune Sammy Fabelmans (Gabriel LaBelle) l’emmènent au cinéma voir le film. C’est la révélation. Fasciné, le garçon commence à réaliser ses propres films à la maison, sous l’œil amusé de son père, persuadé qu’il s’agit plus d’un hobby que d’une passion. Pendant ce temps, la vie de famille évolue et une tension grandit entre les parents.

“The Fabelmans” de Steven Spielberg

avec Gabriel LaBelle, Michelle Williams et Paul Dano

Sortie France et Suisse : 22 février 2023

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Steven Spielberg nous offre un de ses films dont il a le secret. Il s’éloigne de ses derniers opus, plus historiques et de divertissement (Pentagone papers, West Side Story), pour s’attacher à une saga familiale et intimiste. Depuis une vingtaine d’années, il évoquait son souhait d’écrire une histoire inspirée de son enfance passée en Ohio et en Arizona dans les années 50 et 60 (il est né en 1946). C’est ainsi qu’avec The Fabelmans, Steven Spielberg revisite sa jeunesse avec comme double, le jeune Sammy. L’histoire présente donc plusieurs facettes.

Tout d’abord, c’est un hommage à ses parents si différents, l’un étant artiste et fantaisiste (sa mère était pianiste de concert) l’autre plus pragmatique et cérébral (ingénieur électricien qui conçut l’ordinateur  GE-225 pour General Electric, première étape avant le langage de programmation que nous connaissons aujourd’hui). Sammy Fabelmans en est une belle synthèse, jouant de son imagination tout en apportant une réflexion presque mathématique au processus de réalisation d’un film. Steven Spielberg aborde ainsi la difficulté à se frayer son propre chemin sous le regard parental : doit-il se revendiquer du côté de la mère ou du père ?  Au spectateur de juger… Tel l’eau et le feu, les parents s’aiment mais peinent à vivre en harmonie.  Les tensions conjugales sont traitées avec finesse, Steven Spielberg ne diabolisant ni l’un ni l’autre. Les deux acteurs (Michelle Williams et Burt Dano) sont épatants et tous les deux attachants dans leurs différences. Cette délicatesse reflète les blessures toujours actuelles de Steven Spielberg. Dans une déclaration, le réalisateur a expliqué n’avoir “jamais eu le courage d’affronter cette histoire frontalement”. S’il avait mis en scène des enfants de parents divorcés dans des films comme  E.T. ou Rencontre du troisième type, il n’avait encore jamais été aussi explicite quant à l’expression de leur douleur.

Le film est également une immense marque de reconnaissance au cinéma, bien sûr. A tout ce qu’il lui doit… L’histoire commence devant un grand écran et se termine dans les studios d’Hollywood. Entre les deux et sous nos yeux, nous assistons à la naissance d’un cinéaste. Le monde des images devient un vrai terrain de jeu et d’imaginaires. Steven Spielberg fait alors appel à sa propre histoire lorsque par exemple, il montre comment à l’âge de douze ans et à la demande d’un chef scout, il tourne son premier film avec la caméra 8 mm de son père. Sammy découvre ainsi la manipulation de la réalité avec l’utilisation des premiers effets spéciaux, même artisanaux (un clin d’oeil à tous ses films précurseurs comme Les dents de la mer ou Duel ?). Il prend aussi conscience de la joie qu’il peut apporter par le biais de ses films. Le cinéma devient alors pour lui un refuge lorsque peu à peu il doit faire face aux difficultés, que ce soit chez lui ou à l’école.

Il découvre aussi le redoutable pouvoir des images. En magnifiant un des élèves dans le film de fin d’année pour s’attacher son amitié, il se fait l’écho des différents films de propagande. Mais à l’inverse, il déstabilise celui-ci en l’exposant plus qu’il ne le souhaiterait et en le dotant d’une image trop lourde à porter. Cette scène particulière est un moyen aussi pour Spielberg d’appeler à la responsabilité des cinéastes dans leur manière d’approcher le monde et de rendre compte de sa réalité.

Derrière ce drame familial, Steven Spielberg nous livre ainsi un testament personnel.

The Fabelmans a reçu le Golden Globe  du meilleur réalisateur et du meilleur film dramatique. Gabriel LaBelle s’est vu décerner le Critics’ Choice Movie Award du meilleur espoir pour son rôle.

Virginie Hours, reporter pour Color my Geneva – tous droits réservés

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